Ce samedi 3 décembre, en réaction aux incidents graves qui ont eu lieu en Région ouïghoure ces derniers mois, notamment la famine organisée de Ghulja et l’incendie d’Ürümchi, et face à l’inaction des gouvernements européens face à la tragédie en cours, l’Institut ouïghour d’Europe a organisé une « Marche contre le génocide ouïghour en cours ». Ce nom fait écho à la manifestation d’octobre 2021 qui était une « Marche contre le génocide ouïghour ». Plus d’an an après ce grand rassemblement, peu a été fait pour affronter les crimes commis par le gouvernement chinois contre la population ouïghoure. Même après avoir reconnu le génocide ouïghour, le 20 janvier 2022, le gouvernement français n’a encore pris aucune mesure concrète pour s’opposer à la République populaire de Chine (RPC) à ce sujet.
Cette marche était alors nécessaire pour rappeler aux politiques et au grand public la situation grave que vivent toujours les Ouïghour-e-s et demander des actions concrètes. Elle a également été organisée en solidarité avec les personnes qui osent protester en RPC et qui font désormais partie d’un mouvement contestataire appelé « white paper revolution », 白紙革命 baizhi geming. En effet, depuis l’incendie d’Ürümchi, des étudiant-e-s et des citoyen-ne-s sont descendu-e-s dans les rues pour protester contre la politique de covid zéro des autorités chinoises et la manière dont les abus subis par les Ouïghour-e-s de par les mesures gouvernementales supposément mises en place pour contrôler la pandémie.
Une tribune publiée dans Le Monde, rappelle les raisons qui ont poussé l’IODE à organiser cette marche. Ecrite par Dilnur Reyhan, présidente de l’IODE, elle a été signée par : le groupe « Etudes ouïghoures » à l’Assemblée nationale ; le groupe socialistes et apparentés à l’Assemblée nationale ; le groupe écologiste à l’Assemblée nationale ; le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires au Sénat ; le groupe socialiste, écologiste et républicain au Sénat ; la délégation Europe Écologie au Parlement européen ; la délégation de la gauche écologique et sociale au Parlement européen ; ainsi que les groupes locaux Youth for Uyghurs, Paris for Uyghurs, Grand Lyon for Uyghurs, Strasbourg for Uyghurs, Bordeaux for Uyghurs, Lille for Uyghurs, Metz for Uyghurs, Grenoble for Uyghurs et Melun for Uyghurs.
La marche a eu lieu à Paris. Elle est partie de la place de la Bastille à 14h30 et s’est dirigée vers la place de la Nation. Entre 500 et 600 personnes étaient présentes et ont marché avec les membres de la diaspora ouïghoure et de l’Institut ouïghour d’Europe en scandant des slogans dont « Génocide en cours, sauvons les Ouïghour-e-s », et « On veut quoi ? La liberté pour les Ouïghour-e-s ».
Lors de cette manifestation très dynamique, nombre de manifestants tenaient des pancartes ou tout simplement une feuille banche ou bleue. La feuille blanche était un symbole de solidarité avec les protestataires chinois en RPC, et la feuille bleue, couleur du peuple ouïghour, était un symbole de solidarité avec les Ouïghour-e-s. Il était important pour l’IODE de se montrer « solidaires à la fois [avec les] Chinois et [les] Ouïghour-e-s », comme Dilnur Reyhan l’avait souligné la veille lors d’une conférence de presse.
La manifestation a été rejointe par un nombre de politiques et d’activistes connu-e-s, venu-e-s montrer leur solidarité avec les Ouïghour-e-s ainsi qu’avec les protestataires en RPC. Raphaël Glucksmann, Yannick Jadot, David Assouline, Olivier Faure, Eric Pliez, Jean-Luc Romero, Olivier Besancenot, Esther Benbassa, André Gattolin, Camille Etienne, Geneviève Garrigos, Aleksander Glogowski, Voltuan et Thupten Gyatso étaient présent-e-s parmi d’autres et ont prononcé des discours exprimant leur engagement auprès de la cause ouïghoure. Thupten Gyatso, député du parlement Tibétain en exil, a souligné que ni les Ouïghour-e-s, ni les Mongol-e-s, ni les Tibétain-e-s ne sont des minorités, et nous a ainsi rappelé, comme l’a fait la présence de nombreux manifestant-e-s tibétain-e-s, la situation des autres peuples colonisés par la RPC et la possibilité de travailler ensemble dans un processus de décolonisation. Les Socialistes de Paris étaient eux-aussi présents pour montrer leur soutien au peuple ouïghour et à la diaspora ouïghoure en France.
Découvrez des extraits de la manifestation, dont certains des discours prononcés, ici.