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Mouvement de sensibilisation sur le sort des femmes ouïghoures le 8 mars 2021

Le 8 mars de cette année, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, nous avons décidé de rendre visible des femmes ouïghoures qui ont été ou sont toujours enfermées dans des camps en République populaire de Chine (RPC). Pour cela notre présidente, Dilnur Reyhan, a appelé des artistes et personnalités françaises à l’aide, et elles ont répondu ! 

La question des femmes en Région ouïghoure mérite d’être mise en lumière, car dans le processus génocidaire auquel nous sommes en train d’assister, comme dans de nombreux autres génocides, les femmes subissent des violences particulières. Ce groupe a moins tendance à être victime de meurtre de masse comme le sont les hommes de la communauté ciblée. Cependant, leur rôle dans la reproduction biologique du groupe, ainsi que celui dans la reproduction culturelle du groupe dans les sociétés patriarcales, font d’elles des cibles importantes. Violences sexuelles, séparation de leurs enfants, mariages forcés, esclavagisme, stérilisations forcées, etc., voici les attaques qui conduisent à une mort lente des individus en question mais aussi du groupe lui-même. Ces attaques constituent l’essence même d’un génocide, autant que les meurtres de masse.

Dans le cas de la situation ouïghoure, les femmes de la diaspora jouent un rôle central dans l’activisme qui œuvre à la sensibilisation de l’opinion publique au drame qui se déroule dans leur région natale et poussent les gouvernements de leurs pays à l’action. C’est le cas de notre présidente, Dilnur Reyhan, mais aussi d’Akida Pulat, de Rushan Abbas, Ziba Murat, Jewher Ilham, Adila Yarmuhammad, Rayhan Asat, Nursiman Abdureshit, Inty Elham, Gulzire Tashmemet, Gulhumar Haitiwaji, Nyrola Elimä, etc. Les femmes ouïghoures de la diaspora œuvrent aussi à la préservation et à la perpétuation de la langue et culture ouïghoure, comme Muyesser Abdul’ehed Hendan. La majorité des rescapés des camps qui témoignent à propos de leur internement sont des femmes. C’est le cas de Gulbahar Jelilova, Gulbahar Haitiwaji, Mihrigul Tursun, Zumret Dawut, Tursunay Ziyawudun, Sayragul Sauytbay (une Kazakhe), et d’autres. 

Chaque artiste et personnalité française a posté une photo d’une victime ouïghoure sur Instagram, accompagné du texte qui suit :

Des centaines de milliers de femmes Ouïghoures sont actuellement enfermées et torturées dans des camps de concentration chinois. Non pour ce qu’elles font, mais pour ce qu’elles sont.À l’intérieur des camps, les femmes vivent l’horreur, enchainées en permanence : tortures sexuelles, viols collectifs, viol anal avec un bâton électrique, chocs électriques dans le vagin, stérilisations et avortements forcés, etc.

À l’extérieur des camps, les femmes sont également réprimées : le régime communiste chinois les oblige à couper leurs longs cheveux pour devenir « des femmes modernes » ; les femmes portant des robes ou des jupes « trop longues » au goût des autorités sont arrêtées et, paroxysme de l’ignominie, pendant que leurs maris sont enfermés, les femmes ouïghoures sont obligées de partager leur lit et leur foyer avec des fonctionnaires chinois envoyés par Beijing.

Les images et les vidéos d’hommes chinois installés dans des maisons ouïghoures et les témoignages de viols de jeunes filles dans ces familles par ces fonctionnaires chinois dont ainsi régulièrement scandale sur internet.

. On sait également depuis l’année dernière que les femmes Ouïghoures sont les principales victimes de la politique de travail forcé du régime. Cette mise en esclavage bénéficie à des grandes marques internationales…Comme le dit une maxime ouïghoure : « La femme est le soleil de la femme. ». Les femmes ouïghoures ont terriblement besoin de l’aide et de solidarité du monde.

ELLES ONT BESOIN DE VOUS : une partie du travail de l’Institut Ouïghour d’Europe consiste à rendre visible les souffrances des femmes Ouïghoures, à recueillir le témoignage des rescapées, à les accompagner et à les protéger. En ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, l’institut a besoin de 30 000€ pour réaliser son projet et continuer le combat pour les femmes Ouïghoures.

Grâce à cette campagne l’institut a récolté les 30 000 euros souhaités pour venir en aide aux femmes ouïghoures de la diaspora de quelque manière que ce soit. Merci à toutes les personnes qui nous ont soutenues à travers cette campagne !

Rokhaya Diallo, journaliste, auteure, réalisatrice et militante féministe et antiraciste a posté la photo de Reshide Dawut, une chanteuse ouïghoure qui a fait carrière dans les années 1980 et 1990, membre du Bureau des arts et de la culture du Xinjiang. Confirmée détenue dans un camp de novembre 2018 à mai 2019, sa condition actuelle n’est pas certaine. Nous ne savons pas si elle a été libérée ou si elle a été condamnée à une peine de prison. Helime Valiyff, sa belle-nièce réfugiée à Adelaïde en Australie, a annoncé que la santé mentale de Reshide Dawut était instable à sa sortie de détention en 2019. 

Minawar Tursun, femme au foyer de 54 ans vivant dans la ville de Ghulja, n’a pas pu partir à l’étranger avec sans famille faute de passeport. Elle a été enfermée de février 2018 à mai 2019 parce que les autres membres de sa famille ont réussi à fuir aux États-Unis, quittant la Région ouïghoure entre 2006 et 2011. Elle vit depuis en résidence surveillée. Elle est extrêmement affaiblie par les conditions et la violence qu’elle a subie dans le camp où elle était détenue, et se voit refuser l’accès aux soins ainsi que les visites de ses proches et de ses voisins. C’est Corine, chanteuse française, qui a posté son portrait sur les réseaux sociaux ce 8 mars. 

Détenue en 2017 puis condamnée à 11 ans de prison, Raziye Dilmurat, 29 ans, est diplômée en finances et économie à l’Université du Xinjiang en 2014. Imany, chanteuse et auteure-compositrice-interprète française, diffuse le sort de cette native de la ville de Ghulja qui vivait à Ürümchi, où elle gérait une petite entreprise. Les raisons de son arrestation et de sa condamnation ne sont pas claires. D’après sa nièce, réfugiée à Munich, elle ne possédait pas de passeport et n’avait jamais voyagé à l’étranger. 

Assa Traoré, militante antiraciste, se montre solidaire avec les femmes ouïghoures à travers le cas de Rahile Dawut. Une grande anthropologue, connue dans des cercles académiques du monde entier, elle a consacré sa carrière à l’étude du folklore ouïghour tel qu’il est préservé dans les campagnes de sa région natale. Diplômée de l’Université normale de Beijing et enseignante à l’Université du Xinjiang, professeure Dawut est arrêtée lors d’un déplacement à Beijing le 12 décembre 2017. Sa fille, Akida Pulat, réfugiée aux Etats-Unis, mène un combat acharné pour la libération de sa mère depuis des années. Après trois ans de silence total, des autorités de l’Université du Xinjiang ont révélé le 30 juin 2021 que professeure Dawut avait été condamnée, la durée de sa peine de prison n’est pas connue actuellement. Nous n’avons pas d’informations sur sa santé physique et mentale, et sa famille n’a pas pu lui parler depuis son arrestation. 

Gulbahar Jalilova, maintenant réfugiée en France, est représentée ce 8 mars par Hélène Sy, présidente de l’association Cekedubonheur, qui améliore le quotidien des enfants et ados hospitalisés, et fondatrice de Siyah organics. Madame Jalilova a donné de nombreux témoignages depuis son arrivée en France en 2020. Emprisonnée pendant 15 mois dans un camp chinois, entre mai 2017 et septembre 2018, cette Ouïghoure de nationalité kazakhe a été torturée, violée et soumise à une contraception forcée pendant son incarcération. Elle est arrêtée lorsqu’elle se rendait à Ürümchi pour le commerce, et a pu être relâchée et quitter la République populaire de Chine grâce à sa nationalité kazakhe. 

Irene García Galán, militante féministe, a partagé la photo et l’histoire de Suriye Tursun. Employée au Bureau de gestion du commerce et de l’industrie de Korgas, Suriye Tursun est arêtée en 2018. En 2019 elle reçoit une peine de prison de 5 ans. Il semblerait qu’elle se soit faite condamnée pour être allée rendre visite à son fils qui étudiait à Istanbul en 2013. Elle s’est rendue en Turquie pendant 15 jours et a voyagé comme partie d’un groupe de voyage organisé chinois. Son fils, Jewlan Shirmemet, qui vit à Istanbul depuis 2008, a perdu contact avec elle et le reste de sa famille le 13 janvier 2018. 

Mevlude Hilalidin, 34 ans,s’est rendue en Turquie en 2006 en tant qu’étudiante internationale et a obtenu un diplôme en administration commerciale à l’université d’Istanbul. Elle est retournée en Chine fin 2012 / début 2013, travaillant comme professeure d’anglais et de turc dans une école privée. Elle est citoyenne turque, habitait à Ghulja et est la mère d’un enfant. Arrêtée fin 2017, elle est mise en camp où elle reste jusqu’en mai 2019. Elle est arrêtée de nouveau le 12 juin 2019 car suspectée de séparatisme. Trois mois après son arrestation elle est condamnée à 10 ans de prison. Sophie-Marie Larrouy, comédienne, auteure et metteuse en scène, a posté son portrait lors de la campagne de sensibilisation ce 8 mars.

Gulgine Tashmemet est une étudiante originaire de la ville de Ghulja, dont l’histoire est mise en valeur lors de cette campagne par Maïmouna Doucouré, scénariste et réalisatrice. De 2010 à 2017 Gulgine Tashmemet a étudié à l’étranger, en Malaisie, à l’Université de technologie de Malaisie, où elle a obtenu une licence puis un master en sciences informatiques. Elle devait y continuer ses études en doctorat. Cependant, venue rendre visite à sa famille à Ghulja pendant les vacances, elle a disparu peu après son arrivée le 26 décembre 2017. Sa sœur, Gulzire Tashmemet, réfugiée en Allemagne, est restée sans nouvelles de sa sœur jusqu’en mai 2020. C’est alors qu’elle a reçu un appel vidéo de la part de sa sœur, qui montrait aussi ses parents. Gulgine a informé Gulzire qu’elle allait bien et qu’elle était maintenant professeure d’anglais. L’appel a duré 8 minutes. 

Elise Goldfarb, entrepreneure et figure médiatique, a partagé le portrait de Nigare Abdushukur. Nigare a 26 ans et était étudiante à l’Université pédagogique du Xinjiang. Elle avait commencé la dernière année de son cursus universitaire lors de son arrestation en 2017, supposément car elle a envoyé de l’argent à l’étranger. Son frère, Erpat Abdushukur, est réfugié à Munich et a appris à travers des amis et des membres de sa famille que la police est venue chercher sa sœur chez elle, pendant une nuit de fin novembre 2017. Depuis, Nigare Abdushukur a été condamnée à 19 ans de prison et purge actuellement sa peine à Ghulja. 

La féministe et média-activiste Meuf Cocotte poste le portrait de Zumret Dawut. Zumret Dawut est une des rares survivantes des camps qui vit aujourd’hui hors de Chine et qui peut témoigner directement de la situation en Région ouïghoure, comme Gulbahar Jelilova dont le cas est exposé plus haut. Elle est née et a grandi dans la ville d’Ürümchi, puis commence à faire du commerce entre cette ville et le Pakistan. En 2005 elle épouse un commerçant pakistanais avec lequel elle a ensuite trois enfants. Le 31 mars 2018, elle a été convoquée par l’administration locale de son quartier de résidence, après quoi elle a été emmenée au poste de police local pour être interrogée. Fixée à une chaise tigre, les policiers l’interrogent à propos de son mariage avec un Pakistanais et ses transferts bancaires avec le Pakistan. Elle est ensuite amenée au camp de Beyzen (Bei zhan) où elle est enfermée pendant 2 mois. Libérée le 2 juin grâce à des négociations menées par des diplomates pakistanais au nom de son mari, elle a par la suite cherché à quitter le pays avec sa famille. Pour avoir fait cela le gouvernement chinois lui a imposé de payer une amende de 18 000 RMB pour son troisième enfant né « en dehors du plan » puis de se soumettre à une stérilisation, procédure qui lui a été faite le 22 octobre 2018. Fin janvier 2019, la famille a finalement pu partir au Pakistan – pour voir le père malade de son mari – à condition de revenir avant le 27 février. Craignant pour leur sécurité, Zumret et son mari se sont plutôt rendus aux États-Unis. Ils arrivent le 2 avril 2019 et y demandent l’asile. 

Peride Mamut, originaire de Kashgar, était musicienne et chanteuse au théâtre de Karamay. Elle a étudié au Conservatoire de Shanghai avant de revenir dans la région pour participer à la vie de la culture musicale ouïghoure. Amenée en camps en 2018, elle en ressort en 2019 visiblement plus maigre et considérablement affaiblie. Il semblerait qu’elle soit toujours hors de détention aujourd’hui. Mélissa Laveaux, autrice-compositrice-interprète, a partagé la photo et l’histoire de Peride Mamut sur les réseaux sociaux ce 8 mars.

Chanteuse, actrice et muscienne Inna Modja a partagé l’histoire de Gulbahar Eziz, écrivaine, poétesse ainsi qu’avocate, conseillère psychologique et cadre au bureau central des autorités pénitentiaires du Xinjiang. Elle a été détenue et placée en camps vers octobre 2017. Elle a été arrêtée pour ses liens avec l’érudit religieux Muhammet Salih (mort en détention à Ürümchi en décembre 2017 à l’âge de 82 ans), soit pour avoir lu ses livres (qui étaient autorisés à l’époque dans la région), soit pour avec été sur sa liste de contacts téléphonique. Il semblerait qu’elle ait été libérée en août 2020. Nous n’avons pas d’informations sur sa santé physique ou mentale. Nous ne savons pas non plus si elle a repris ses fonctions au bureau central des autorités pénitentiaires. 

Sanubar Tursun, une musicienne très reconnue originaire de Ghulja, est représentée dans cette campagne par Yael Naim, musicienne elle-aussi. Issue d’une famille de musiciens, elle a été formée au Conservatoire de Shanghai, et est une joueuse de dutar (un luth ouïghour) particulièrement réputée. Au fil de sa carrière elle s’est approprié le répertoire musical ouïghour traditionnellement masculin, et est aujourd’hui l’une des rares femmes à chanter les poèmes épiques, récités et dansés, que l’on appelle les muqams. Il semblerait qu’elle ait disparu à la fin de 2018. Depuis ce moment aucun de ses collaborateurs internationaux n’a pu la joindre. La nouvelle de sa disparition a commencé à circuler lorsqu’il a été annoncé que son spectacle au Théâtre Graslin de Nantes (le 10 février 2019) serait annulé, Sanubar étant remplacé par un artiste ouzbek. Les deux autres concerts qu’elle devait donner en France, à Rennes et à Angers, sont annulés. Certains ont affirmé qu’elle avait été condamnée à 5 ans de prison. Nous avons très peu d’information sur son cas, mais il est probable qu’elle ait passé du temps en camp ou en prison, et qu’elle se trouve maintenant assignée à son domicile ou à sa ville de résidence, qui est Ürümchi. 

Grace Ly, autrice, podcasteuse et réalisatrice, partage le portrait de Merhaba Abdushukur. Mère de Nigare Abdushukur, dont l’histoire apparaît plus haut, et de deux fils, Irfan Abdushukur, envoyé en camp en 2017 avec son père, et Arafat Abdushukur, réfugié en Allemagne, Merhaba Abdushukur était femme au foyer. Elle s’est rendue à l’étranger en 2015/2016, comme membre d’un groupe de tourisme chinois organisé, et a ainsi visité Dubai et la Turquie entre autres. En novembre 2017 son fils, Arafat, apprend depuis l’Allemane qu’elle a été envoyée en camp. Elle a depuis reçu une peine de prison de 20 ans qu’elle est en train de purger dans une prison à Ghulja. 

Professeure dans le département des sciences informatiques de l’Université du Xinjiang, Nurbiye Yadikar a disparu en 2017. Elle est relâchée en 2019 et des publications dont elle est une des auteures réapparaissent à partir de 2020. Il semblerait qu’elle travaille maintenant avant tout sur le développement et la mise au point de la reconnaissance faciale. Son histoire est diffusée lors de cette campagne par Fanny Vella, illustratrice féministe engagée. 

Premièrement envoyée à « l’école » à partir du 11 avril 2017 pendant 28 jours, Tursunay Ziaywudun, une commerçante originaire de Kunes, a ensuite été envoyée en camp début 2018. Cette seconde détention a duré presque 10 mois. Elle a été relâchée en décembre 2018, et a passé les six mois suivants en assignation à domicile. Elle a été arrêtée et détenue car elle a habité au Kazakhstan pendant 5 ans. Le 26 septembre 2019 elle a enfin réussi à quitter la Chine et a retrouvé son mari au Kazakhstan. Elle est maintenant réfugiée aux Etats-Unis. Elle fait partie des rescapées qui témoignent de leur vécu en camps, comme dans cet entretien qu’elle a accordé au Monde. Alix Desmoineaux, influenceuse, a participé à notre campagne de sensibilisation en postant son portrait et son histoire. 

Sophie Fustec, musicienne, chanteuse, autrice-compositrice connue sous le pseudonyme La Chica, nous a rejoint dans cette campagne en acceptant de partager la photo et l’histoire de Gulbekrem Memtimin. Elle souffre de problèmes de santé, est assignée à son domicile, et s’occupe des trois enfants de sa nièce, Mahire Yaqup, qui a été mise en camp en 2018 et a reçu une peine de prison de 6 ans en 2020 pour avoir envoyé de l’argent à l’étranger 7 ans plus tôt. Gulbekrem n’a pas le droit de quitter son domicile ni même de passer des coups de fil longue distance. Elle est accusée de « financer des activités terroristes » car elle a envoyé de l’argent à l’étranger, et de « possession illégale d’objets extrémistes » (les objets en question sont les 66 photos d’elle et de sa nièce Mahire lors d’un voyage en Malaisie). 

Chimengul Awut, étoile montante de la poésie ouïghoure, est arrêtée et envoyée en camp en juillet 2018. Originaire de Kachgar, elle était, au moment de son enfermement, poétesse et éditrice à la Maison d’édition de Kachgar, une presse d’état. Elle est enfermée comme 13 autres de ses collègues travaillant à la Maison d’édition ouïghoure de Kachgar, qui compte 49 salariés dont quatre Chinois. Parmi les 45 salariés ouïghours, ce sont ainsi 14 personnes dont cinq femmes qui ont été arrêtées dans le cadre de la campagne de « lutte contre les publications douteuses » lancée en 2017. Cette campagne vise à détruire les publications qui diffusent ou insistent notamment sur l’identité ou l’histoire ouïghoure, mais aussi celles ayant du contenu religieux. Elle a été accusée de produire des livres « problématiques » ou « dangereux ». Une rumeur a couru fin 2018 comme quoi elle était décédée en camp. Cependant, il a été vérifié qu’elle est bien en vie, et il semblerait qu’elle a été relâchée en 2020. Ses conditions de vie actuelles et son état de santé mental et physique ne nous sont pas connus. Camelia Jordana, auteure-compositrice-interprète, musicienne et actrice, la représente ce 8 mars 2021. 

Aïssa Maïga, actrice et réalisatrice, partage l’histoire et la photo de Gulshan Abbas. Disparue le 11 septembre 2018, Gulshan Abbas est médecin à la retraite originaire d’Ürümchi. Sa sœur, Rushan Abbas et sa filleZiba Murat, toutes les deux basées aux Etats-Unis, ont mené une campagne sans relâche pour retrouver la disparue. Fin 2020 elles ont appris que Gulshan Abbas a été condamnée en mars 2019 à 20 ans de prison pour « participation à une organisation terroriste », « aide à des activités terroristes » et « rassemblement de personnes pour troubler l’ordre public ». Elle a sûrement été arrêtée en représailles pour le fait que sa sœur, Rushan Abbas, avait commencé à parler au public international de la situation en Région ouïghoure. La disparation Gulshan n’a fait qu’accroître la détermination de sa sœur à faire connaître le sort des Ouïghour-e-s. 

Halida Israel, est une autrice très connue originaire de Kachgar, qui a publié un nombre important de romans de science-fiction en langue ouïghoure. Son cas a été partagé par Yelle, chanteuse du groupe de musique électro-pop qui porte le même nom. Il semblerait que Halida soit assignée à son domicile, et que son état de santé se soit nettement dégradé. 

Karinale Zaouiche, blogueuse et écrivaine, a partagé la photo et l’histoire de Heyrigul Niyaz. Originaire de la région de Toksun, elle est diplômée en études russes de l’Université normale de la capitale, à Beijing, et détient un master en commerce international de l’Université Marmara en Turquie. Elle avait pour ambition de poursuivre ses études avec un doctorat mais a finalement décidé de rentrer en Région ouïghoure pour être proche de sa mère en 2015. En 2016 elle y a créé sa propre agence de voyage. Peu de temps après, le 28 mai 2017, elle a été arrêtée pour avoir étudié et séjourné en Turquie. Il semblerait qu’elle soit internée à Aksu mais nous n’avons pas de nouvelles à son sujet depuis son arrestation. 

Nezire Muhammet Salih, est la fille d’un grand érudit religieux et elle-même savante religieuse, originaire d’Ürümchi. Elle a étudié pendant un temps au Qatar avant de revenir en Région ouïghoure. Elle a épousé Adil Tuniyaz, un des poètes ouïghours les plus réputés. Son père, son mari, son fils ainé et elle sont tous envoyés en camp de rééducation en 2017. Son père y est mort à l’âge de 82 ans en janvier 2018. Ses autres trois fils, Ihsan, Ihpal, et Ilyas, ont été placés dans un orphelinat d’état. Nezire a été arrêtée le 25 décembre 2017, les autorités ayant dit à sa famille de ne pas garder beaucoup d’espoir pour elle ou son mari en raison des graves allégations portées contre eux. Cependant, en janvier 2020, elle n’était plus en détention mais travaillait (vraisemblablement sous la contrainte) dans une usine à Ürümchi. Ils ont entendu dire qu’elle avait le droit de rentrer chez elle le week-end. Fin mars 2020, des amis de la victime à l’étranger ont reçu la nouvelle qu’elle n’était plus à l’usine et qu’elle était désormais chez elle. Elle a été accusée de « promouvoir le terrorisme et l’extrémisme religieux ». C’est Elsa Wolinski qui a participé à la campagne de sensibilisation en partageant l’histoire et le portrait de Nezire. 

Les problèmes sérieux avec les autorités ont commencé plus tôt pour Gulmire Imin, journaliste et écrivaine originaire d’Aksu, que pour d’autres. Lauren Bastide, journaliste, animatrice radio et essayiste, a partagé sa photo et son histoire. Gulmire était l’administrateur web d’un site ouïghour appelé Salkin, où elle a publié des articles critiques du gouvernement. Elle purge actuellement une peine de 19 ans et 8 mois à la prison pour femmes du Xinjiang (prison du Xinjiang numéro 2), à Ürümchi, et ce depuis son arrestation le 14 juillet 2009. Sa peine a été allégée en 2017. Elle était à l’origine condamnée à mort suite aux accusations selon lesquelles elle a organisé les démonstrations pacifiques qui se sont transformés en émeutes dans la capitale de la région en 2009. Elle a été accusée de « séparatisme », « divulgation de secrets d’état » et « organisation d’une manifestation illégale ». Elle a été torturée et forcée à signer des documents admettant qu’elle était coupable. Elle a maintenant le droit à une visite de se famille tous les trois mois. 

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