Cette année la conférence annuelle organisée par l’Institut ouïghour d’Europe s’est tenue à Paris les 4 et 5 novembre 2021, à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) et à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Ce colloque a rassemblé des universitaires, des enseignant-e-s, des traducteur-rice-s et des artistes autour des questions de l’enseignement de la langue, la littérature et l’histoire ouïghoures ainsi que des productions culturelles contemporaines de la société ouïghoure.
Cette conférence a été organisée conjointement par l’Institut ouïghoure d’Europe (IODE) et les centres de recherche CERMOM (Inalco), CETOBaC (EHESS) et EASt (Université libre de Bruxelles-ULB).
L’approche que nous avons adopté en organisant cette conférence visait à interroger le champ croissant des « études ouïghoures » et à encourager le travail collaboratif au-delà des frontières de période, de spécialisation et de discipline. Nous avons également souhaité ouvrir cet événement aux participants qui contribuent à la production et à la traduction de documents en langue ouïghoure en dehors des institutions académiques.
Les questions centrales du colloque étaient les suivantes :
Comment définir les études ouïghoures ?
Quels sont les enjeux de la production et de la transmission des artefacts culturels ouïghours ?
Comment la croissance de la littérature scientifique basée sur des sources ouïghoures affecte-t-elle nos conceptions (valides ou erronées) de l’histoire de la région, de ses habitants, de leur langue, leurs pratiques culturelles et leur société ?
Quelles sont les différentes perspectives présentées par les artistes, cinéastes, écrivains, musiciens et poètes ouïghours contemporains sur ce qui se passe dans leur pays ?
Le fait d’ouvrir cette conférence à des intervenants en dehors du monde académique nous a permis d’entendre des interventions très pertinentes de personnes comme Muyesser Abdul’ehed Hendan, poétesse, écrivaine et enseignante d’ouïghour. Elle est à l’origine de l’association Ayhan Education, dont le but est de promouvoir l’apprentissage de la langue ouïghoure dans la diaspora. Nous avons également pu visionner un court-métrage d’un réalisateur ouïghour, et nous avons pu par la suite entreprendre une discussion collective avec ce dernier.
Parmi les intervenants issus du monde académique nous avons eu la chance d’échanger avec des personnes dont les noms seront connus pour tou-te-s les familier-ère-s des études ouïghoures naissantes : Eric Schluessel, Sam Tynen, Jo Smith Finley, Nimrod Baranovitch, Timothy Grose, Joshua Freeman, et Mukkadas Mijit. Darren Byler nous a permis de nous projeter dans notre prochaine conférence prévue pour automne 2022, qui portera sur le colonialisme, avec sa présentation « Creating Uyghur Futures: Fiction and Memoir as Decolonial Method » (La création des futurs des Ouïghours : la fiction et le mémoire comme méthode décoloniale).
Nous avons aussi eu le plaisir de rencontrer une jeune doctorante ouïghoure qui travaille sur la fabrication de feutre en Région ouïghoure, et de faire intervenir deux collègues des études turques et centre-asiatiques, Alexandre Toumarkine et Stéphane Dudoignon. Nous invitons tou-te-s celleux intéressé-e-s à consulter le programme complet ici.
Rendez-vous l’année prochaine à Genève pour International Uyghur Studies 2022, qui sera une conférence dédiée à l’histoire et portera sur la problématique du colonialisme et des rapports coloniaux en Région ouïghoure, de la conquête qing à l’annexion de la région par l’Armée populaire de libération (APL) en 1949.